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UTMB 2019

Publié le par Laulau

UTMB 2019

Ultra Trail du Mont Blanc

171km 10000m+

30/08/2019

 

La prépa a commencé une semaine après la CCC, tout juste une semaine.

Le 1er septembre 2018, je terminais, non sans mal, ce demi-tour du Mt Blanc, et je me disais que l’UTMB, c’était pas pour moi ! Faute d’avoir pu m’alimenter correctement pendant la course, je l’avais terminé au mental, et je m’étais résigné à ne pas faire le tour complet.

Mais voilà… après réflexion, en ayant le nombre de points et surtout la priorité d’inscription, ben c’est carrément con de ne pas le tenter !

La priorité d’inscription… mais pourquoi ??

Si vous vous en souvenez bien, j’étais déjà inscrit sur l’UTMB 2016, mais une méchante aponévrose m’a empêché de prendre part à la fête. Avec le dossier médical, j’ai pu demander le report de mon inscription, ce qui a été accepté, et ce, sans tirage au sort, et donc avec une priorité d’inscription. La seule condition était d’avoir les 15 points nécessaires pour participer… et justement, je les ai, ces fameux 15 points, puisque j’étais venu chercher sur cette CCC les 5 qu’il me manquait !

Donc, tout juste une semaine après, me voici sur mon vélo pour une sortie de 80km et 1400m+ accompagné de David et Magalie. J’étais pas sûr de pouvoir tenir la distance et finalement, c’est passé pas trop mal !

Me voici donc lancé dans une préparation qui va durer quasi 1 an !

1 an à vivre UTMB, 1 an à penser UTMB, 1 an à respirer UTMB, 1 an à manger UTMB, 1 an à courir UTMB, 1 an à rouler UTMB, 1 an à nager UTMB, 1 an à randonner UTMB, 1 an à se préparer pour cet UTMB !

Evidement, il y a pas eu que ça dans ma vie pendant 1 an (et heureusement), mais je peux vous assurer qu’il ne s’est pas passé une journée sans que je pense à cette virée du 30 août 2019.

1 an de prépa, c’est :

 1480km de run et 52500m D+

1700km de vélo et 22000m D+.

Pas mal de km en natation et d’heures passées dans une piscine, même si en haut des montagnes, ça sert à rien, et ben ça sert dans d’autres disciplines… et pis ça fait le cardio !

Plus ça approche, plus les jours filent et je sens le stress qui monte. Ça commence à s’agiter à mes côtés, on m’en parle souvent, je reçois des messages, des coups de fil…. Pfffff ça commence à m’faire flipper ! Je dors mal, et ça, j’aime pas !

Gros défi de partir sur cette distance, j’ai jamais fait plus de 119km et là, ben y en aura 50 de plus… une paille !

Prêt ?

-Alors … t’es prêt ?

Je l’ai entendu plusieurs fois, celle-là !

J’ai fait ce que je pouvais, ce que je pensais être bon pour être prêt… mais je sais pas si on peut savoir si on est prêt pour une course de 46h. Donc, ben j’en sais rien ! Je me sens bien, entrainé, motivé… et je ferai tout ce que je peux pour aller au bout de cette belle aventure.

Ma prépa a donc commencé par une sortie vélo, mais il y a bien sur eu des courses de préparation. La 1ère a été faite dans le sud, avec Eva et un couple d’amis, Philippe et Sylvie. Phil m’en avait parlé et je me suis inscris en toute confiance, sans trop regarder le truc… Et là, je me suis dit que plus jamais, plus jamais je ne m’inscrirai sur une course sans vraiment regarder ce que c’est car :

Le grand Trail du Garlaban(16/03)… 51km et 3200m+ ou :

Tu prends tes cliques et ta claque et tu rentres à la maison !

Facile qu’il se disait le Laulau quand Phil a proposé l’histoire ! 51km et 3000… j’ai fait ça tellement souvent que ça va passer crème ! En plus, entre Aix En Provence et Marseille, avec des vues sur la mer, ça va être méga sympa.

C’était effectivement méga sympa, ce que j’avais moins prévu, c’était la technicité du terrain de jeu ! Je sais pas si tout le monde connait le massif des Calanques de Cassis, c’est très beau, même magnifique, mais très technique. Et bien là, c’est le même en pire ! Des pierres, des pierres et encore des pierres, des montées dré dans l’pentu, des coups de cul à en faire pâlir la Tête Aux Vents.

J’étais tellement sûr de moi, un peu arrogant même je dirais, que, quelques jours avant le départ, je regarde le profil et je me dis :

‘’Pfffff mais y a pas 3000 làààààààà ! Ah ces Marseillais, toujours à exagérer les trucs… y a 2000 à tout casser sur leurs courses ! J’vais boucler ça en 7-7h30 et on en parlera plus ! J’vais même pas prendre le sac à dos, j’vais juste partir avec la ceinture porte-bidon et ça suffira ‘’.

J’avais même pas fait une ‘’feuille de route’’ tellement j’étais sûr de moi !  Une lueur quand même, j’ai opté pour le sac, et heureusement. Y avait bien 3000… même 3200+. Dur de chez dur, cette course, certainement la plus accidentée que j’ai faite.

Un parcours magnifique où l’on surplombait la mer très souvent, c’était vraiment beau… mais vraiment cassant ! J’en ai c… grave !

Je boucle le parcours en 9h26 finalement, loin des 7-7h30 envisagées…Et ensuite, je vais avoir des courbatures pendant 3 jours !                                                                                 

Phil m’a rejoint à 4km de l’arrivée, et il finit bien plus frais que moi.

Les filles nous attendent, elles ont fait le 29km et 1700+ et l’ont bien terminé toutes les 2.

Tu prends ta claque et tu rentres à la maison !!!                                                           

Mais ça fait du bien de se prendre une baffe des fois, ça remet les idées en place, ça te remet à ta place et tu abordes les choses suivantes bien différemment.

UTMB 2019

Je parlais du sac à dos. Petite parenthèse, j’ai changé entièrement mon équipement cette année, le sac, la veste étanche GoreTex, le pantalon de pluie étanche lui aussi. J’suis parti avec l’espoir que la météo sur l’UTMB serait clémente, car ce nouveau matos est léger, mais qui dit léger dit fin ! Donc en cas de météo pourrie, ça risque de pas passer. Pour ceux qui n’y connaissent rien en Trail, le matos est très important !  Mon sac à dos n’a plus rien à voir avec le sac à dos de tonton qui nous emmenait balader en montagne quand on était gamin, non non, c’est tout petit, tout fin, très léger et c’est plus un gilet avec des poches qu’un sac… mais c’est top et on le sent presque pas.

Je n’avais pas planifié trop de course de prépa… juste 2… et peut-être 3, en fonction de l’état de forme. Il y avait aussi 1 gros week-end vélo, 1 triathlon format M et 1 Swimrun M également… et bien sur des offs !

La seconde course, c’était donc :

 

TechniTrail Tirange 53km et 3200+.

Celui-là, je le savais, il allait faire mal et il allait être dur. Je suis pas du tout parti dans le même état d’esprit que sur le Garlaban, j’ai bien étudié le truc, le parcours et dénivelé, je savais que 3200 sur ce massif de moyenne montagne de Hte Loire, ben ça allait être des coups de cul bien raide et non pas des gros blocs que l’on rencontre dans les Alpes.

Ce qui m’a le plus surpris par contre, ce fut le froid et … la neige ! Le 5 mai qu’elle avait lieu cette course ! La neige, j’aime ça, j’adore même, quand y a moyen d’aller gambader dans la peuf, j’suis pas le dernier, mais là, au mois de mai, ben y en a un peu marre et j’avais plus envie de soleil printanier. Que dalle ! Réveil le matin sous la neige et -3, un bon ptit vent du Nord qui te gèle tout ce qui peut être gelé. Ça s’est pas trop mal passé quand même, on a eu droit a un bain de pied au km13 car on avait une rivière à traverser, c’était assez fun. Le plus dur a été pour ma suiveuse, Eva, qui était en VTT. J’ai retrouvé un esquimau surgelé au 1er ravito ! Au second, elle a écouté mes conseils et a continué à me suivre en voiture ! Et heureusement car je sais pas comment elle aurait fini. Ça caillait vraiment.

UTMB 2019
UTMB 2019

Il y avait un passage dans la coulée de lave de Bourianne, un passage atypique et très technique… et original (les 4 petits points que l’on voit sur la photo, ce sont des bonshommes).

J’ai terminé cette course en 9h38, en meilleure forme que le Garlanban, mais ce fut dur dur quand même. Ces 2 là, c’est vraiment ce que j’appelle des courses de mental.

Entre ces 2 courses, il y a eu un bon gros week-end de vélo pour Pâques. On est allé en Provence, pour un rassemblement de vélo qui s’appelle… Pâques en Provence !

Un bon gros week-end bien sympa sur des routes de montagne peu fréquentées, et supers jolies ! J’ai adoré ! Au final, on a fait 320km et 4800+ en vélo, sur 4 jours ! C’était vraiment top et beau :

UTMB 2019
UTMB 2019

Je sais pas si vous vous en doutez ou pas, mais dans chacune de ces sorties, dans chaque tours de roues, un mantra revenait sans cesse : UTMB UTMB !

Et cet UTMB sera partagé avec David… Il a, lui, été tiré au sort, ce qui fait que nous serons 2 Srtistes au départ de ce mythe, de cet Ultra le plus réputé au monde.  

Ptit rappel pour non-traileurs qui sont un peu perdu dans nos lexiques techniques : Qu’est ce que c’est que l’UTMB ? C’est simplement le Tour du Mont-Blanc par le GR, chemin de Grande Randonnée, 3 pays traversés (France, Italie et Suisse). Le tour en randonnée, il se fait entre 10 et 15 jours, pour la course, on se doit de le faire en 46h30 max, avec des barrières horaires imposées à certains points. Par exemple, si tu n’es pas reparti de Courmayeur à 13h16 (barrière à 13h15) le samedi… et bien course terminée pour toi, back home ! Le départ à lieu le vendredi soir à 18h et il faut avoir bouclé le truc le dimanche à 16h30 pour prétendre au titre de Finisher.

Donc comme nous serons ensemble avec David au départ, mais juste au départ, car il va beaucoup trop vite pour un tracteur comme moi, on va faire une grosse partie de notre prépa ensemble. Sur les 3 derniers mois, ce sera entre 3 et 4 sorties par mois dans le Pilat, et quasi autant en Chartreuse, environ 3000m+ par semaine pour se faire les cuissots.

J’ai fait une parenthèse sur mon matos, en voilà une seconde sur mon alimentation pendant la course.                                                                                                       

 Lors de la CCC l’an dernier, j’ai fini tant bien que mal, impossible de m’alimenter sur les 50 derniers km, nausées et maux de ventre présents sur une grosse partie de la course. Je me suis dit qu’un truc clochait ! Il me fallait reprendre mon alimentation sur un Ultra de A à Z ! J’ai donc décidé de stopper catégoriquement les gels énergétiques, sources de glucides, certes, mais source de troubles gastriques à ce que j’ai compris. J’en prenais environ 1 pour 1h-1h30 de course, couplé à des barres énergétiques. Mais ça clochait ! J’ai donc arrêté ces produits ‘’communs’’, et je tente de passer sur des barres ‘’différentes’’. J’ai pris exemple sur une des pointures du Trail, Xavier Thévenard, qui s’alimente avec des barres fabriquées à Annecy, de la marque Baouw. J’me suis dit que si ça marchait pour lui, et s’il avait gagné déjà 3 fois l’UTMB, je vois pas pourquoi ça ne serait pas bénéfique pour moi.                                                                                  

Salées ou sucrées, ces barres bio qui ne contiennent ni céréale, ni gluten, ni lait, ni sucre raffiné, ont des parfums plus originaux les unes que les autres :

Cerise/Amandes/Hibiscus, ou Quinoa/Pistache/Citron Vert, ou Agrume/ Cajou/Piment de Jamaïque, ou Betterave/Amande/Piment d’Espelette (celle-là, j’ai un peu du mal) ou encore Patate douce/Cajou/Curry.

Je décide donc d’essayer, je passe une commande et je teste sur mes courses et mes entrainements. Et le résultat est au-delà de ce que j’espérais ! C’est top ! Plus de maux de ventre, plus de problème gastrique ! J’ai fait un test avec un dernier gel sur le trail du Garlaban, et le résultat a été sans appel, envie de vomir 10 après. Là, j’ai compris que j’allais adopter ces barres aux parfums si particuliers.

Idem pour l’hydratation où j’abandonne la boisson énergétique pour passer à l’eau pure ou coupée avec une lichette de coca… et là aussi, c’est gagnant !

Ca aura aussi un impact sur le poids du sac, car plus de gel, plus de poudre de boisson = du poids en moins à transporter !

 

J’ai parlé aussi d’un triathlon… Celui-là, il avait une saveur particulière, car je le faisais avec ma Eva. Elle est passée au vélo de route au mois de novembre, déjà qu’elle nage et qu’elle court, quand on en est là, ben yapluka ! Nous sommes donc allés en direction de Clermont L’Hérault pour le triathlon du lac du Salagou. Un très beau lac dans une région où il y a pas… vraiment pas de vent ! Punaise non… ce fut la misère ! 1h avant le départ de la course, on va voir l’état du chantier ! Et ben un beau chantier ! Un lac avec des vagues de 80cm comme si on était en mer, ou à l’océan ! Et on n’a jamais, ni l’un ni l’autre, nagé dans de telles vagues. Ca nous rassure pas, et ce qui rassure encore moins Eva, c’est la tempé de l’eau, car on nous l’annonce à 16.6° !

Je mets ma casquette de préparateur mental et essaie de la rassurer, c’est pas gagné. On se met dans l’eau 10mn avant le départ afin de s’acclimater et de faire rentrer l’eau dans les combinaisons… ça va passer mais ça va pas être simple. Et ce fut pas simple… très difficile de faire le crawl avec les vagues, pour ma part, ça a été un peu mieux, mais Eva a fait la totalité de la natation à la brasse… Elle a pas réussi à mettre la tête dans l’eau. Stress, panique, trop de monde, 1er tri… La nat, en tri, c’est pas le plus simple !

Pour info, c’était un triathlon M, ce qui veut dire 1500m de natation, 40km en vélo et 10km en run.

Le vélo aussi, c’était sympa avec le vent ! Quand tu te retrouves en descente où tu pourrais envoyer à 60km/h et que ton compteur t’indique 27 à cause du vent de face, ben là, c’est pas simple ! On boucle le tout ensemble, en 3h54m. C’est pas un super temps mais l’essentiel était pas là… On s’est fait plaisir et j’étais super content de faire découvrir cette super discipline à ma chérie. D’ailleurs, ça lui a plu et elle a vraiment envie d’en refaire un, mais sans le vent. Un coin qu’on aime bien, Clairvaux les Lacs dans le Jura… y a un tri en Août là-bas J

UTMB 2019

Parallèlement, on enchaine toujours, avec David, nos Pilat et Chartreuse (pas la boisson verte, hein ! La montagne de Chartreuse ! ). Je découvre d’ailleurs à cette occasion le monastère de la Grande Chartreuse à St Pierre, et c’est énorme comme truc. Notre tour là-bas passe par le Grand Som et le Petit Som, et on domine totalement ce monastère. C’est magnifique et gigantesque ! J’en bave à chaque sortie avec lui, il est bien plus rapide que moi. J’ai arrêté d’essayer de le suivre, c’serait du suicide pour moi !

UTMB 2019

Un autre moment fort de cette saison, c’était le Swimrun de la Côte Vermeille à Collioure, dans les Pyrénées Orientales. Cette année, cette épreuve est la finale du Swimrun National Tour et nous avons été sélectionnés avec Eva pour y participer.                                                        

Un Swimrun, c’est une épreuve de natation et de run en alternance, on rentre dans l’eau et on court à plusieurs reprises. Ca se pratique en binôme, homme, femme ou mixte.  On nage avec les baskets et on court avec nos combinaisons… c’est assez fun comme truc. Et là, dans ces paysages et environnements, ben c’est carrément top !!!!

Cette course avait lieu fin juin, en pleine période de canicule.                                         

  Le départ avait lieu le samedi matin, donc départ de Vienne pour nous le vendredi soir. Au programme, 4.1km de natation et 22.4 de run. Et quel pied de pouvoir nager dans cette mer, déjà sans vague, une mer d’huile, et surtout dans une eau cristalline, transparente, où l’on voit le fond, les poissons, les rochers… ce fut magnifique.                                 

  Le parcours, qui partait de Port Vendre, nous faisait traverser Collioure, et terminer à Argelès. La traversée de Collioure fut simplement magnifique, car si vous ne connaissez pas, ben c’est super joli ! Ce fut vraiment sympa de courir dans les rues piétonnes, encouragés par les personnes qui étaient là, on avait vraiment l’impression d’être des athlètes tellement on était applaudis.

UTMB 2019
UTMB 2019

Et quel plaisir de se remettre dans l’eau après avoir couru, il faisait chaud et on était super bien dans quand on nageait !

On termine ce parcours en 3h22, assez frais. On a adoré une fois de plus, ce sport apparu en France il y a environ 4 ans est vraiment sympa à faire.

 

Un jeudi soir, avec les copains du SRT, on a fait une sortie Australienne :

UTMB 2019

Certains m’avaient fait voir des photos sur la commune de Cours et Buis où il y a des Wallabys ! Quoi ?????? Y a des bestioles originales et on m’emmène pas les voir !                                                                                              Non mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ?                                                                  

-Ok, les gars, la sortie de ce jeudi, ce sera Wallaby ! Je veux aller voir ça !                                       

On fait donc notre sortie par là-bas, moi qui adore voir la faune, je peux pas rater ça ! Fred me dit toujours que je suis complètement taré de parler aux animaux quand j’en vois. C’est vrai que je fais toujours ça, que ce soit chez nous où je parle aux chevreuils, ou en montagne, j’adore discuter avec des marmottes ou des chamois.

Bon !!! Revenons-en à nos moutons !

Je voulais faire un gros off pour cette prépa. Mon idée première était de refaire la CCC (101km et 6000m+) en 2 ou 3 jours. Plutôt 3 d’ailleurs, mais sur 3 jours, il fallait trouver des refuges en montagne et la logistique était pas forcément facile à faire. Je laisse donc tomber cette idée là, dommage car j’adore cette portion. Mais j’ai la chance que ma famille possède un chalet en Hte-Savoie, à Abondance. Je décide donc que le off, ce sera là-bas. J’ai une idée du parcours pour un jour, et je farfouille pour trouver pour les 2 autres jours.                                                                                                                  

Il y a, là-bas, le trail des crêtes du Chablais. Et je trouve la trace GPX du 35 sur leur site ! Top ça ! La trace GPX, c’est la trace du parcours que l’on peut télécharger et mettre dans nos montres, et ça nous guide. C’est vraiment sympa de faire ça.            

Nous partons donc avec Eva pour faire un week-end off. On se fera 2 belles journées ensembles, le samedi, Le Mt de Grange, et le dimanche, le 35 du Chablais, avec un passage par Bises, le lac de Darbon et sa colonie de bouquetin, le Mont Baron entre autres. Le lundi, je pars me faire le tour du Mont de Grange, chose que j’ai jamais fait alors que j’ai quand même fait 2-3 trucs par là-bas. Sur le retour, bim ! Une racine, sans doute rancunière, me prend le pied et me fait tomber ! Une belle grosse gamelle, ça a râpé un peu le vernis, mais rien cassé !

UTMB 2019
UTMB 2019

Au final, sur ces 3 jours, j’aurais fait 82km et 5500m+…Bien content du week-end.

UTMB 2019
UTMB 2019

Il me reste une course de prépa que j’ai pas évoquée. Je m’en étais programmé 2, et que je verrais en fonction de l’état de forme si j’en ferais une autre ou pas. Et l’autre en question, c’était la MadTrail à Valmorel. Ca fait plusieurs années que je lorgne sur celle-là, et j’ai jamais eu l’occasion d’aller jouer par là-bas, donc je m’inscris sur le marathon de la Lauzière et ses 2900m+. La date et la distance correspondent à ce que je veux, mi-juillet et 45km, 7 semaines avant l’objectif de l’année, c’est bien. Celle-là non plus, je la prends pas à la légère. J’étudie bien le parcours, le D+, les ravitos, la chaleur. Je décide de partir avec le sac et tout le matos obligatoire que j’aurais à l’UTMB… Un test grandeur nature. La course à lieu le dimanche 14 juillet.

Seulement voilà… Il fallait bien qu’il m’arrive un pépin pendant cette prépa. Le samedi, je vais ranger 2-3 trucs dans ma grange et boombadaboom voilà le ptit Laulau par terre ! La cheville droite a plié en marchant sur une pierre ! Et une entorse, une ! Putain j’ai les boules !  Pas maintenant ! Pas à 7 semaines de l’objectif que je me fixe depuis plusieurs années ! Pas la veille d’une course en montagne ! Je glace immédiatement, je re-glace plus tard, crème anti-inflammatoire. Je décide malgré tout de partir et d’aller faire cette course. Je verrai bien. Lors de ma dernière entorse, mon ostéo Thomas Kowalski m’avait bien dit que la meilleure des rééducations en cas d’entorse, c’était de marcher ! Je sais que le début de la course est une grosse montée, le Crève-tête, donc je verrai bien en haut comment ça va. Soit je descends et je continue si ça va, soit je monte dans la voiture et je rentre ! On verra !

Et ben j’ai continué car ça allait en bas de la descente… Enfin la cheville allait, mais j’ai du compenser sur l’autre jambe, car je chope une contracture au mollet gauche au km13. C’est pas trop grave, je vais gérer et continuer comme ça. Mais au bout d’un ptit moment, la cheville se réveille et commence à me faire grincer. Je m’arrête au bord d’un torrent, quitte chaussure et chaussette, et trempe le pied dans l’eau glacée. Le froid est dur à supporter mais je sers les dents et je sais que cela fera du bien à ma cheville. Plusieurs autres concurrents me demandent si ça va, si j’ai besoin d’aide, et leurs têtes quand je leur explique que je me suis fait une entorse la veille, j’ai comme l’impression qu’ils me prennent pour un dingue !

Je repars après quelques minutes de cryothérapie maison, et ça va mieux. Je refais la même opération plus loin dans un autre torrent car la douleur est un peu revenue. Certains me redoublent pendant mon trempouillage, car je les avais doublés entre temps, et ils me demandent si ça va pas mieux ! Et je repars encore une fois, la douleur estompée par le froid de l’eau.

Sur cette course, j’avais fait mon calcul, je pensais faire entre 8h30 et 9h, et, au dernier ravito, je me dis que c’est possible de passer sous les 8. Je pars donc remonté comme une pendule, je passe en mode Pacman et j’avance super bien, je double, dont 2 qui m’avaient passé lors de mes 2 séances cryothérapie, et eux, ils sont bluffés ! Je me sens vraiment bien, je relance, je monte super bien et je termine cette course en 7h45 ! Super content de mon résultat et de mon temps.

Le lendemain j’appelle mon ostéo, mais il est en vacances. J’hésite ! Aller en voir un autre ? J’y renonce en imaginant sa tête si je lui explique que je me suis fait une entorse le samedi et que le dimanche, je suis parti en montagne pour un run de 45km ! Je me dis que je risque de me faire engueuler alors je laisse tomber et je continue mon entrainement comme si de rien était.

J’me prendrais à nouveau une bonne gamelle, cette fois avec David, dans la dernière descente de notre parcours Pilat… 0n enlève encore un peu de vernis, mais pas de casse ! Tout va bien !

Le mois d’août arrive et les vacances aussi… et l’échéance, l’objectif commence à se rapprocher lui aussi.

On décide avec David de se faire une dernière Chartreuse, mais en nocturne, et avec le matos complet, test grandeur nature des frontales et des réglages de ces dernières. Nos frontales, on peut les paramétrer comme on le souhaite, en fonction de la durée d’éclairage souhaitée, ou de la taille du faisceau, c’est vraiment des beaux jouets qui nous éclairent bien, à condition de bien les régler.                                                         

On part donc un jeudi soir après le boulot, départ prévu sur place vers 19h, on fera la montée de jour et la descente de nuit. Quand on arrive au somment du Grand Som, on l’a pas fait exprès mais on arrive juste quand le soleil se couche, et les derniers rayons sont en train d’éclairer le Mt Blanc ! Putain qu’c’est beau ! Y a même un couple qui est là et qui va passer la nuit en bivouac ! Top, je les envie et ça me donne des idées !

On fini donc notre tour en Chartreuse en 3h37, 16km et 1400m+. On s’est fait une jolie balade nocturne, nos lampes ont l’air d’être bien paramétrées.

Cette sortie sera notre dernière sortie commune avec David. La prochaine fois où se verra, ce sera le jour J, le vendredi 30/08, jour de l’UTMB. Je sais pas au final combien on a fait de sorties ensemble, combien d’heures, de kms, de D+, mais préparer cette course avec toi, David, c’était vraiment sympa, même si j’en ai grandement bavé. J’espère très sincèrement que tout ce temps que l’on a passé ensemble nous portera au bout de la balade et nous permettra à tous deux de finir cette course d’une vie.

 

Vendredi 30/08 Jour J.

9h00 départ D’Estrablin direction Chamonix, cette ville que j’aime tant.                              

Voilà plusieurs nuits que je dors mal, je me réveille depuis une quinzaine de jours à 4h30-5h du mat, et je me mets à penser à la course… et nuit terminée !  Pffffffffffffff j’aime pas ça ! La pression, ben ça commence à monter.                 

Disons que je sais très bien que c’est pas la course saucisson du coin ! On a la chance de pouvoir participer à l’Ultra le plus prestigieux du monde ! On est 2500 privilégiés du monde du trail !                                                                                                                               

Comme me l’avait dit Polo une fois, la moitié de la planète Trail sera là, et l’autre moitié sera derrière son écran avec le secret espoir de pouvoir participer un jour ! Et c’est vrai ! Il avait carrément raison !

On arrive sur place, David et Mag nous attendent avec leur ptite famille. C’est sa ptite troupe de suiveuses et d’assistance. Je pars tout de suite chercher mon dossard, et faire un tour rapide sur le salon du Trail, surtout pour compléter mon stock de barre Baouw car j’en aurai pas assez pour la course.

Récupération du dossard : il faut avoir avec soi le sac à dos que l’on va porter pendant la course, et la totalité du matériel obligatoire. On nous remet une liste avec des éléments du matos à présenter, liste aléatoire bien sûr. Pour ma part, je dois présenter mes 2 frontales avec batterie de rechange pour chaque lampe, ma veste étanche, réserve de nourriture, téléphone portable, sac à dos avec réserve d’eau, et les gants chauds et étanches. Le matos est contrôlé et conforme, et heureusement, car sinon, on nous remet pas notre dossard. Même si je savais que tout était ok, y a toujours un ptit moment de flip dans l’histoire ! Et ensuite… tatata :

UTMB 2019

Le voilà enfin ! Ce dossard tant désiré ! Je cours après depuis presque 5 ans maintenant ! Depuis que j’ai terminé la TDS, j’ai pour objectif de faire un jour l’UTMB… et ce jour, c’est aujourd’hui. J’en ai les larmes aux yeux, et c’est pas encore l’heure du départ.

Retour à la voiture, et là, je tombe sur Jérôme. Jé est mon pote d’armée… celui avec qui j’ai fait les 400 coups !                                                                                                                 

Je savais qu’il était là, on se suit sur Strava (le FaceBook du sportif). Je l’ai pas revu depuis pas loin de 27 ans je pense ! Punaise le bol de tomber sur toi, Jé !                                                                                                                           

Ca m’a vraiment fait plaisir de te revoir, mais on était pas dans des circonstances pour discuter et se remémorer nos aventures d’un autre siècle. J’espère très sincèrement te revoir à nouveau.                                                                                                         

Quoi qu’il en soit, si je le revois sur une course, c’est pas là qu’on risque de discuter, car il envoi, le bougre… il a fini cet UTMB en 34h !                       

Repas et tentative de sieste pour être en forme.                                                            

Le départ est donné à 18h. Je connais pas ça, j’ai jamais fait de course où le départ à lieu en fin d’aprèm ! J’ai déjà fait des minuits, 1h, 3h ou 5h du mat, mais jamais 18h !     Je me dis que ça sera bien car il fait chaud, on va rentrer rapidement dans la nuit et il fera plus frais !

J’arrive pas à m’endormir ! C’est pas top car je me suis réveillé tôt, et j’ai peur de la fatigue et de sentir tomber ma tête en cas de coup de pompe. Que faire si ça arrive… Essayer de faire une sieste ? Continuer en espérant que ça passe ?                               

Je sais pas comment je vais gérer la fatigue et le manque de sommeil. Point positif, je sais faire des micro-siestes. Et j’ai la chance d’y arriver. Dormir 4-5mn, je le fais de temps en temps, et c’est hyper réparateur. Je sais que je peux essayer, mais j’ai aussi le flip de ne pas me réveiller et d’être hors délai. Je verrai bien si ça survient ce que je ferai.                                                                                                                               

Il y a beaucoup d’inconnus dans cette course : la fatigue donc, la distance, le d+, et le temps en course. J’ai jamais dépassé 119km, jamais fait plus que 7200m+, et jamais plus que 30h… comment tout cela va-t-il se passer ????

On discute un moment avec David et Mag, on essaye de se détendre et d’oublier toute l’effervescence autour de nous… Et il fait toujours chaud !

L’heure est venue d’enfiler la tenue de combat, et de se rendre sur la ligne de départ.    D’un coup, le ciel s’assombrit, le vent se lève, le tonnerre commence à se faire entendre… et les 1ères gouttes de pluie tombent ! Nannnnnnn mais c’est pas vrai ! On est en chemin pour le sas de départ, et il se met à pleuvoir ! On s’abrite un peu sous un porche pour laisser passer le grain, on va pas se tremper pendant 45mn à attendre le départ. Ca se calme un peu, donc on reprend notre chemin, et on arrive à l’entrée du sas de départ. On fait un gros bisou à nos femmes, on sent bien que la pression est là !       La pluie se remet à tomber. J’hésite ! Goretex ou pas ? Je la mets car j’ai pas envie de trop me mouiller et de prendre froid ensuite. Je la quitte 15mn avant le départ, je ne veux pas partir avec.

UTMB 2019

Les discours officiels arrivent, un hélico survole la ville, on est filmé… et on sait qu’on est en direct sur les écrans du monde entier. Le monde du trail est tourné vers Chamonix. J’ai toujours cette fameuse boule dans mon ventre, même si j’en ai peu parlé dans ce résumé. J’essaie de garder mes larmes à l’intérieur, mais j’ai du mal ! Putain mais quel pied d’être ici… Quel pied d’avoir l’honneur de participer !

On se regarde avec David, on se souhaite bonne course, on s’embrasse… Je vois qu’il est autant ému que moi… on se dit ‘’A dimanche’’ car on sait tous 2 que l’on ne se reverra pas avant. Lui a pour objectif de finir en 35h, moi, je suis plus dans 44h !

L’hymne officiel retenti : Vangelis : Conquest Of Paradise … et ça, ben putain mais ça vous fout les frissons, les larmes aux yeux ne sont plus dans les yeux, y a plein plein plein de monde qui se bousculent dans ma tête, plein de monde dont je sais qu’ils vont, que vous allez penser à moi… Ca me touche toujours car je suis toujours surpris que mes petites aventures puissent intéresser autant de monde.

Et on entend hurler dans le micro un ‘’UTMBBBBBBBBBBBBBBBBBB’’ et c’est parti !    

Les premiers mètres se font en marchant mais on court assez rapidement je trouve.

Y a un monde de dingue ! C’est annoncé qu’il y a entre 40 et 50000 personnes sur le départ ! Je sais pas si c’est autant, mais il y a 3m de gens de chaque côté de la rue pendant … pffff ben je sais pas mais pendant longtemps ! On est acclamé comme si on était des champions du monde ! Truc de fou où les amateurs, le tout-venant du trail, nous, sommes applaudis autant que les 1ers, autant que les pointures de notre sport !

Et là, au milieu de tout ce monde, j’ai la chance de pouvoir apercevoir Eva et de lui faire un bisou en passant !

Les gens nous acclament, les mains des enfants se tendent pour que l’on tape dedans au passage… je rentre déjà dans ma bulle et me concentre surtout sur ma foulée, ma vitesse, et je me méfie des excités qui jonglent entre droite et gauche de la route ou qui sautent en l’air pour taper dans les mains des enfants ! Y en a qui sont vraiment dingue, ils grillent déjà beaucoup d’énergie à faire n’importe quoi !

Le début, c’est plat ou presque, jusqu’aux Houches… 8km où il faut pas se laisser emporter par les autres et bien gérer le début de la course.                                              

J’ai perdu David depuis longtemps, et je sais que je le reverrai que dimanche à Chamonix.

Je passe au ravito des Houches, je bois juste un peu d’eau fraiche et je repars immédiatement. La 1ère difficulté arrive rapidement, le Delevret, je gère bien ma montée, je m’enflamme pas, la route va être très longueeeeeeeeeeeeee !                       

Et j’ai chaud ! Très chaud ! Il fait chaud ! Je coule tellement je transpire !                                                                                                                  

 La descente sur St Gervais arrive, pareil, j’y vais tranquille, je veux pas me tétaniser de suite les quadris. J’ai d’ailleurs perdu 145 places depuis les Houches.                   

Mais je sens tout de suite que je suis pas au mieux.

J’arrive dans St Gervais, y a un monde de dingue, une ambiance de fou ! La rue principale est coupée en 2, ceux qui vont au ravito et ceux qui en sortent. Et là, je croise David qui me voit, on se tape dans la main, il a déjà 10mn d’avance sur moi !

J’arrive au ravito, j’ai pas de jambes !!! J’ai faim aussi ! J’ai déconné un peu, j’aurais du manger un peu plus avant le départ, mais j’avais vraiment pas faim, et je pouvais pas avaler grand-chose. Je mange, je bois, je remplis les flasques, je bois, je bois, je bois car j’ai énormément chaud !

St Gervais, km21  barrière horaire à 22h00, et je passe à 20h58.

Eva est là, on discute brièvement pendant que je me ravitaille, je lui dis que je me sens pas top …mais je m’attarde pas et c’est reparti pour moi.

Direction Les Contamines, et ensuite le col du Bonhomme, avec un gros D+ de 1700m à faire pour arriver au col.

Aux Contamines, Eva est là, mais elle est obligée de rester dans un sas du ravito et ne peux pas m’aider à me ravitailler, malgré que ce soit un ravito avec assistance ! Je lui dis que je me sens pas bien mieux que tout à l’heure, ce qui est le cas, et en plus, je ressens une très légère douleur dans le genou droit. Tant que c’est pas plus grave, ça ira, mais j’aime pas trop ça. J’essaie de pas trop m’écouter et de pas me focaliser là-dessus.

Y a un monde de fou dans le chapiteau, il fait très chaud en plus. Au final, je m’attarde pas. Je me sens pas top, j’ai pas de jambes, pas de bonnes sensations, mais j’avance et je gratte toujours un peu sur la barrière donc ça va. Par contre, j’ai encore perdu 288 places.

Les Contamines, km31 barrière horaire à 0h00, et je suis passé à 22h56.                        

A cet instant, je sais que je reverrai Eva que demain à Courmayeur, vers 12h selon mes prévisions.

On passe ensuite par Notre Dame de la Gorge, j’ai déjà pris ce chemin en sens inverse à la fin de la TDS et je me souviens que je l’avais trouvé difficile en descente et très technique, ben en montée… c’est guère mieux !

Direction maintenant pour le col du Bonhomme et ensuite le refuge de ce col… Je sais que c’est une grosse bute ça ! J’en ai pour un moment à grimper !

Dans la montée, je vais doubler et me faire doubler. J’arrive pas à être régulier ! Mais je grimpe et je continue à mon rythme. L’essentiel pour moi étant d’arriver à Cham, même dernier, j’m’en fous, mais arriver à Cham !

Je passe le refuge 3h45 plus tard… 3h45 de montée ! Ensuite, bonne descente direction Les Chapieux. Il y a un ravito avec un plat chaud, c’est bien car manger chaud est bien plus digeste. Par ailleurs, je suis toujours avec mes barres bizarres, et pas de maux de ventre ou trouble gastrique, je suis bien de ce côté-là. Moins bien du côté sensation où je suis toujours pas top ! Je sens toujours un peu ce genou, mais ça va !

J’arrive aux Chapieux à 3h32 du matin, la descente s’est faite sans problème, j’ai géré ma vitesse. La barrière est à 5h15, je reste assez constant. Je suis en avance sur mes prévisions, car je m’étais fixé comme feuille de route les temps de Stéphane en 2016, et il était passé à 4h, j’ai donc 30mn d’avance sur mes prévisions.

Plus de pâte quand j’arrive, je me rabattrai sur du riz mélangé avec de la soupe pour repas chaud, je reste ici 20mn, le temps de manger, recharger en flotte et je repars.

Je repars direction le col de la Seigne, 1000m+ sur 10km, encore une belle grimpette.     

Cette montée va être difficile, je commence à sentir les effets du manque de sommeil, mes yeux se ferment, ma tête tombe et je me sens vraiment fatigué. J’avance quand même, mais au bout d’un moment, ça devient vraiment compliqué, surtout quand je me prends par 2 fois les pieds dans une racine et que j’ai failli tomber. A ce moment-là, je me suis dit qu’il allait falloir dormir.                       

Je cherche donc un endroit adéquat pour me poser, je trouve un rocher assez plat au bord du chemin, je me dis que ça ira. Je me pose donc, mais ça va pas… il y a trop de vent, et j’ai rapidement froid. Je me relève et je repars. Je me remets en quête d’un nid douillet. Il y a plein de monde qui se pose, qui dort un peu n’importe où, vraiment n’importe où même pour certains. J’en vois qui se posent aux bords d’’un torrent, c’est hyper humide et je me dis qu’ils sont dingues de se poser là.                                                                           

C’est surtout les Chinois qui dorment et que se posent n’importe où. Ca me rappelle quand je suis là-bas, en Chine, où ils ont vraiment l’habitude de se poser comme ça, ici et là, pour dormir.

Il y a un gros contingent d’Asiatiques cette année, surtout des Chinois… Impressionnant ! Il a plus de 100 nationalités sur la course, ça vient d’un peu partout dans le monde. Ma palme de la distance, je la décerne à ces Australiennes que j’ai vues sur le parcours !

Bref… J’en étais où moi ? Ah oui… Alors, en même temps que je cherche, je continue d’avancer, je continue de grimper et j’entends plus haut le vent qui siffle dans les arbres ! Il va falloir se poser avant d’arriver plus haut car il fera trop froid. Je trouve l’endroit idéal dans un virage, il y a pas de vent et pas d’humidité. Donc j’hésite pas, je quitte mon sac à dos, je m’en sers d’oreiller, je règle le minuteur de mon téléphone sur 5mn et je ferme les yeux. Je dois mettre entre 30 secondes et 1mn pour m’endormir, et au bout de 5mn, le tel me réveille. Ni une ni deux, je me relève, sac à dos à dos et je repars immédiatement. Et ça à été bénéfique, le coup de pompe est passé et je me sens vraiment bien ! Je termine la montée super bien, je me sens vraiment mieux. Je commence enfin à prendre du plaisir sur cette course, ça aura prit du temps cette fois-ci !

Cette montée est longue, interminable, j’en vois pas la fin. Quand on croit être en haut, ben y en a encore un bout ! Je touche enfin le sommet, le jour pointe son nez, et on va basculer en Italie. Le col… enfin… Je m’arrête et regarde le soleil qui commence à éclairer les montagnes, putain qu’c’est beau !

UTMB 2019
UTMB 2019

Je suis au col de la Seigne, il est 6h40, il y a beaucoup de vent, il fait froid. Je supporte bien ma Goretex, mon bonnet et mes gants ! On bascule en Italie, direction le Lac Combal, je le connais celui-ci, j’y suis passé en 2014 pour la TDS, mais, encore une fois, en sens inverse. Je me rappelle qu’on avait eu froid au bord de ce lac.

Une petite descente, pas très longue et on rentre dans une nouvelle montée, très technique. En haut, c’est le col des Pyramides Calcaires… Et c’est très minéral comme environnement. Dans la montée, il m’arrive une chose rare en course… je vois des chamois ! IL y a toute la famille juste au dessus de nous, le papa, la maman et les petits ! J’adore ! Tout ceux qui ont l’habitude de courir avec moi le savent, j’adore voir des bestioles. Et je suis assez fort pour les voir. Je fais part à ceux qui sont autour de moi de la faune en présence, mais ça intéresse pas grand monde ! Faut dire aussi qu’il y a 4 Polonais autour de moi, et d’autres étrangers !

Cette montée est super technique, et moi, quand y a des bestioles, ben je fais que regarder si je les vois, et là, ben c’est pas la meilleure idée car je me prends les pieds dans des pierres fréquemment. Mais je les reverrai à plusieurs reprises, et j’en aperçois même un autre, solitaire, au loin.                                                                                                

Tout à coup, j’entends un gros vrombissement… Et un hélico surgit de derrière la montagne, il se positionne au dessus du col, monte, descend. Je sais qu’ils sont en train de filmer ceux qui passent là-haut. Il repart, revient, tourne au dessus de nous… Quand tu vois un hélico sur une course, ben tu le sais ! T’es sur l’UTMB car c’est vraiment pas courant !

J’arrive en haut du col, la descente commence, c’est toujours aussi technique, donc prudence, faut pas se faire une cheville, ou même tomber. Ca devient un peu plus roulant plus bas, ce qui permet de courir un peu plus. Je sens mon genou de plus en plus, c’est largement supportable, mais je le sens. J’espère que ça va tenir jusqu’au bout.

Dans cette descente, je jette un œil sur le bord, et je vois… punaise j’adore !!!! 5 marmottes ! J’adore vraiment cette boule de poil ! Je me suis même arrêté sur le chemin pour les observer. Un concurrent me dit : ‘’Attention, Laurent, je vais passer à ta droite’’. Je le laisse passer mais lui dis de regarder ces charmantes bestioles, il partira en me disant un truc que j’ai pas compris. Merde alors, j’vais quand même bien partager ce moment avec quelqu’un ! Derrière moi, y a un chinois. Je l’arrête et je lui montre. Il me demande : ‘’ Rabbits ? ‘’ Mais non, pas rabbits, marmottes !! Voyons ! Ca me fait plaisir quand je le vois sortir son téléphone pour immortaliser ce moment.

Je vais pas tarder d’arriver au Lac Combal, au tiers du parcours.

A ce moment là, je me dis que normalement, je vais aller au bout. Houlaaaaaaaaaaaaa Laulau tu t’enflammes là, vous allez me dire ! Ben non, vraiment, là, je me dis que si j’ai pas de pépin physique, ça va le faire. Même si mes sensations ne sont pas au mieux, j’avance toujours à mon rythme et je suis toujours en avance sur mes prévisions.

Lac Combal, Barrière horaire à 10h. Je passe à 8h21. J’ai repris un peu de monde dans la descente, mais je suis toujours irrégulier. Ceux qui me connaissent me diront après qu’ils ont trouvé ça pas normal pour moi.                                                                                 

Je m’arrête pas longtemps au ravito, il fait froid ici, on est à l’ombre et c’est humide. Direction Courmayeur maintenant, quasi mi course. Il y a une belle grimpette à nouveau. Elle est longue et celle-ci non plus, j’en vois pas le bout. Arrivé en haut, je reprends un coup de mou. La fatigue pointe à nouveau son nez. Je veux pas m’arrêter, je veux aller jusqu’à Courmayeur, et là-bas je verrai. La batterie de ma montre lâche à ce moment-là, j’ai pas fait attention et j’aurais dû la mettre en charge avant, car là, je viens de perdre toutes mes données, kilométrage, D+ et temps en course… j’ai les boules car je me sers beaucoup de ça. Je m’arrête donc, sors mon câble et ma batterie externe, je mets tout ça en marche et je repars. La descente est raide ! C’est dur là ! Ca tape dans les cuisses et dans le genou. J’prends un coup au moral. La fatigue, les jambes redeviennent moins bien, le genou, ben celui-là, je commence à le sentir de plus en plus… Pffff ça va pas là ! J’arrive tant bien que mal en bas… Eva est là et la voir me fait du bien. On rentre au ravito, je lui dis que je suis pas au mieux et elle l’a vu car je suis arrivé en boitant. Je récupère mon sac de délestage. C’est des sacs fournis par l’orga, on met dedans ce que l’on souhaite retrouver à mi-course, et ensuite ils repartent à Chamonix.

Voici les sacs au départ de Chamonix :

UTMB 2019

Dedans, j’ai mis un change complet, dont des chaussures, on sait jamais, si je déchire les miennes, il faut un plan B. IL y a aussi des barres, une frontale. Je prends mes barres, la batterie de la frontale, je recharge en eau, je mange des pâtes, je reprends un peu des forces et un peu de moral. Eva me fait part des messages de tous ceux qui me suivent, ma fille, ma famille, mes amis. Je prends aussi des news de David… Et ben il avance bien, le cochon ! Il était ici il y a 2h15 ! Au moment où je mange mes pâtes, il a déjà passé Bertone et il est en direction de Bonatti !                                                                    

 Eva me met de la pommade sur le genou, ça commence à m’inquiéter.

Je repars du ravito, je m’apercevrais ensuite que je suis resté 43mn ici ! Jamais je suis resté aussi longtemps à un ravito ! C’est bien qu’il y a un truc qui va pas top.

Courmayeur : Barrière à 13h15, je passe avec 2h d’avance. C’est paradoxal parce que je suis pas bien et je gratte quand même du temps.

En sortant, je boite encore, il y a plein de monde, les gens m’encouragent… ‘’Allez Laurent, courage, lâche rien, ça va le faire’’. Ca me met vraiment les larmes aux yeux, car je commence à réaliser que ça va sans doute pas le faire justement. Mon genou me fait mal. Je sais pas si je vais pouvoir tenir.                                                                             

Devant moi, un coach parle à son poulain, il connait bien le parcours visiblement et lui dit :

‘’ La montée devant nous, c’est la plus dure de la course ! Tu montes tranquille, tu te grilles pas, car c’est raide. Ensuite c’est du plat jusqu’au 100. Tranquille, ok ? ‘’               

Je percute en entendant ça, qu’effectivement, il y a un gros bloc devant. Et il recommence à faire chaud. Bon, ben on va y aller sans trop se griller, car c’est bien comme le coach l’avait dit : raide !

Je monte donc doucement, j’ai chaud, et… mon coup de pompe revient ! Je me pose pas trop de question, je sais que ça a été efficace cette nuit, donc je décide de faire à nouveau une micro-sieste. L’endroit idéal est bien plus facile à trouver que dans la nuit, il y a pas de vent et pas d’humidité, par contre, il va falloir de l’ombre. Je trouve rapidement et me pose, la tête sur le sac, la casquette sur la tête, règle la minuterie du téléphone sur 5mn… non non non, soyons fous, on va mettre 7mn ! Je m’endors en 1mn… et quand je rouvre les yeux, j’ai un coup de flip ! J’ai pas entendu le réveil ! J’ai l’impression d’avoir dormi super longtemps et quand je regarde l’écran, il m’indique qu’il me reste 36 secondes avant la sonnerie ! Oufff j’ai eu un peu peur !

Je me relève et je repars, et cette fois aussi, ça a été bénéfique. Je me sens bien mieux qu’avant, sauf pour le genou, mais en montée, ça va à peu près.

J’arrive au refuge Bertone, je connais bien ici, j’y suis passé pour mes 2 CCC et pour la CCC en off que l’on avait fait avec Stéphane et Fred. J’hésite à aller voir le médecin, mais je laisse tomber. J’ai croisé plein de concurrents qui redescendaient pendant que l’on montait, et j’en ai déduit qu’il n’y a pas ici de rapatriement, que soit on redescend, soit l’on continue. Je remplis les bidons et je repars. Ca monte encore un peu avant de prendre le chemin qui mène à Bonatti puis à Arnouvaz, un chemin plus ou moins plat, assez roulant. C’est un magnifique single, il y a sur notre gauche, de l’autre côté de la vallée, les glaciers Italiens, on entend la glace qui craque, les torrents qui coulent, j’adore ce chemin. C’est l’une des raisons pour laquelle je voulais venir faire mon off ici en juillet.

UTMB 2019

Me voici en haut, je vais pouvoir relancer. Et c’est là que ça merde ! Ben le genou veut pas ! Ca me fait vraiment mal là ! En montée, ça allait encore, mais en faux plat, ça coince. Fait chier merde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 

Je réessaie, je tente de courir et j’ai l’impression d’avoir une aiguille dans le genou ! Je tente de marcher, ça va mieux mais c’est pas ça ! Est –ce possible de continuer ? Qu’est ce que je fais ? Je me pose plein de question.    J’appelle Eva, je pleure en lui expliquant le truc… L’idée d’arrêter est de plus en plus présente, mais je peux pas l’admettre. La prépa a été tellement dure, tellement longue, ça demande beaucoup de sacrifice une telle course que ça peut pas s’arrêter comme ça, aussi vite, aussi précipitamment. Eva me le dira après, mais elle a failli m’empêcher de repartir de Courmayeur tellement je boitais. Je décide de faire demi-tour, voir le médecin. Il me dit qu’il peut rien faire pour moi, il n’y a pas de rapatriement prévu ici, sauf en cas de grosse blessure. Soit je redescends, soit je continue jusqu’à Arnouvaz où, là-bas, il y a des bus. Je décide de repartir, en gardant l’espoir que la douleur parte et que je puisse continuer cette aventure. Arnouvaz, c’est à 12km.

Je m’attaque donc à ce chemin, et j’essaie de trottiner un peu. C’est pas top du tout donc je me mets à marcher. Ca va être long sans courir… donc de temps en temps, je refais une tentative. C’est rageant car j’ai les jambes qui vont bien, c’est juste le genou qui a décidé, qu’aujourd’hui, ben il avait pas envie. La douleur se fait de plus en plus ressentir.

J’arrive au Refuge Bonatti, pas de barrière horaire, je suis toujours dans les temps, mais j’ai perdu pas loin de 260 places depuis Courmayeur. Il me reste 5km pour aller à Arnouvaz. Le 1er km se fera comme les précédents, en marchant, dans la douleur, dans le dur. Et d’un coup… Le genou ne plie plus ! Terminé tout l’monde descend ! J’arrive plus à plier la rotule. Là, c’est le coup de massue car je réalise vraiment que mon UTMB va s’arrêter. J’ai vraiment les boules, et je sens les yeux qui me piquent ! Les larmes coulent… mélange de douleur et de déception… surtout la déception ! Déception à hauteur de l’évènement, déception à hauteur de la préparation.

Je continue d’avancer, j’ai pas le choix de toute façon, il me reste 4km et il va bien falloir les faire. J’avance en prenant appuis sur les bâtons, la jambe droite est raide. Dans les descentes, les bâtons se transforment en béquille. Putain que c’est dur, putain que ça fait mal ! J’envoie un message à Eva, pour lui annoncer que je vais vraiment pas vite.

Je vois aussi que j’ai un message de Polo, je lui explique le merdier et il essaie de me booster, il me dit que c’est dans ma tête et qu’il faut que j’explique à mon genou que c’est pas lui qui décide. C’est dans la tête… C’est le genre de chose que l’on se dit souvent ça, avec mes zozos (Steph, Polo, David).

Mais là, Polo, tu m’as pas vu marcher, c’est pas dans la tête, mais bien dans le genou.

Je pense beaucoup à David à ce moment-là, j’espère qu’il va bien, qu’il va mieux que moi. J’espère que lui, au moins, pourra terminer. J’aurais encore plus les boules si on abandonnait tous les 2. Je verrai par la suite que pendant que je bataillais, il avançait sacrément bien, il était 30km devant moi !!!

Je vois le chemin au loin devant, que c’est loin ! Je me souvenais pas que c’était si long d’ailleurs. J’arrive enfin à la dernière descente, je sais qu’elle va faire mal, qu’elle va être interminable, je sais aussi que ce sera mes derniers moments sur cet ultra.   

Si seulement la douleur pouvait partir, s’estomper et me laisser repartir, me laisser monter Grand Col Ferret, descendre ensuite sur la Fouly, atteindre Champex et son lac, pouvoir faire les 3 grosses dernières bosses et atteindre la Flégère, dernier rempart avant l’ultime descente sur Chamonix. Rentrer dans la ville, traverser la rue piétonne et franchir cette arche d’arrivée tant convoitée… Pouvoir revêtir cette polaire de Finisher qui me, qui nous tient tant à cœur.

Mais malheureusement, non, la douleur ne s’estompe pas et est toujours présente et de plus en plus même. Ces derniers morceaux de dénivelé négatif sont vraiment durs et mon genou est vraiment douloureux. Un concurrent me rattrape et reste avec moi, il me dit qu’il ne veut pas aller plus loin lui non plus, il a pas de douleur, mais il trouve que ça suffit pour lui.

Depuis Bertone, je me suis fait doubler par plus de 400 personnes.

J’arrive à Arnouvaz, j’aperçois Eva de loin, les larmes reviennent à nouveau.

A l’entrée du ravito, il y a le pointage des abandons, je m’y arrête et je dis à la jeune fille présente que je stoppe ici. Elle me répond d’une voix calme :

‘’ Tu es sûr, Laurent ? Tu t’arrêtes ici ? ‘’. Elle voit mes larmes et je lui explique que c’est mort et le genou est trop douloureux.

‘’Ok… je vais couper ton dossard et ta puce, ensuite tu pourras aller au ravito, prends ton temps, restaure toi, et ensuite tu seras rapatrié à Courmayeur par bus. Désolée pour toi’’

Elle coupe ce fameux dossard, dossard que j’ai eu tant de mal à décrocher, et ma puce. C’est fini ! Mon UTMB s’arrête ici, à Arnouvaz. Je serai pointé 1885ème, et mon meilleur classement a été 1206 aux Houches. J’ai perdu des places sur toute la course, sur quasi chaque pointage. C’est vraiment le signe que ça allait pas, que c’était pas le bon jour.    J’ai jamais vraiment eu de bonnes sensations sur cette course finalement. J’ai été dans le dur pendant 23h sur 24. Je pense que j’ai été trop stressé avant et pendant.

Eva me prend dans ses bras, pour elle aussi, c’est dur, elle est déçue aussi pour moi.

Arnouvaz, la barrière était à 18h15, j’y suis arrivé à 17h58… j’étais encore bon, plus de beaucoup, mais c’était bon. J’ai au moins la satisfaction de pas avoir été éliminé par le temps.

Les 12km depuis Bertone m’ont pris 4h, alors que c’est quasi plat… Il y a que 400m+.

Je me restaure, Eva me donne des nouvelles de mon avion de chasse David … Il a l’air de bien aller, pourvu qu’il tienne jusqu’à Cham.

On va en direction du bus, mon moral va mieux, et une fois dans ce fameux bus, je regarde les montagnes sur ma droite, je sais que derrière, c’est Champex, Trient, Vallorcine, et là, c’est dur. Je verrai pas la suite de la course !

On part, arrêt à Courmayeur, puis Chamonix. J’ai jamais pris le tunnel dans ce sens.

Récupération du sac de délestage. Je vais prendre une douche, j’y suis tout seul, ça fait drôle car normalement, y a de l’effervescence.

Je dis à Eva qu’on va aller se manger un bout dans un resto, avec une bonne bière… J’ai au moins mérité ça, non ? Qu’est ce que vous en pensez ?

Je reçois plein de messages de soutien, mon abandon commence à se savoir, le suivi-live a dû bien fonctionner. Fred me dit qu’il vient pour l’arrivée de David. C’est prévu en gros à 4h du matin. J’avais envie d’aller le voir arriver de toute façon, on a fait toute la prépa ensemble, c’est normal que je sois à son arrivée. Normalement, c’est lui qui aurait du être à la mienne.

On va dormir un peu, paradoxalement, j’ai pas trop sommeil.  Je dois être au taquet en endorphine, et je peine à m’endormir. Je dormirai très mal d’ailleurs.

On se lève pour David, et on va le rejoindre pour son arrivée.

Même si c’est dur, même si ça me fait mal, je suis super heureux pour lui quand il franchit la ligne.

Il l’a franchi en 34h34, lui qui s’était fixé 35h, moi, je dis chapeau bas, Mr Jullien !

On discute un moment, et on retourne dormir un peu. Je dormirais mieux à ce moment-là, comme si l’arrivée de David m’avait libéré.

En fin de matinée, on prend le chemin du retour. Je scrute le parking à plusieurs reprises, je cherche du regard si je peux voir Jérôme. Je sais qu’il est par là, il est arrivé 30mn avant David. Ca me ferait tellement plaisir de le revoir, de le féliciter, mais je le vois pas et il est temps de retourner en Isère.

Pendant le retour, je prends connaissance des messages sur mon téléphone, ceux de ma maman, mes enfants qui sont fiers de moi, d’Eléa, Bertrand, Phil… Et plein d’autres encore. Je vois aussi sur FaceBook que j’ai été beaucoup suivi et encouragé.

Les messages essaient de me remonter le moral, mais c’est pas gagné. La déception est grande, et digérer cet abandon va être long.

Oui, je sais, 100km et 6000m+, c’est déjà bien et c’est déjà beaucoup, mais c’est pas ce que j’étais venu chercher.

Oui, donc voilà ! Au final, j’ai fait 102km et 6289m+ en 23h58. Mon aller-retour vers le refuge Bertone m’aura fait passer les 100km.

Ce sera ma seconde satisfaction, j’ai passé encore une fois les 100km en course… Pour la 7ème fois.

Je maintiens de ce qu’ai dit, je ne retenterai pas l’UTMB, je n’aurais sans doute jamais la trilogie CCC/TDS/UTMB… mais j’aurais fait 2 fois la CCC par contre.                          

Par 2 fois, cette course m’aura fermé ses portes, donc je ne m’acharnerai pas… Il y en a tellement d’autres à faire.

Le lendemain, le lundi en fin d’aprèm, j’avais pris RDV pour une séance de cryothérapie, car il parait qu’après une course, on élimine entre 3 et 4 jours de courbatures. J’en ai pas trop, d’ailleurs, des courbatures, mais je vais quand même faire ma cryo. Je resterai dans le caisson 3mn, avec une pointe à -194° !

UTMB 2019

J’avais pas prévu pour le genou, j’étais pas venu pour ça, mais le froid extrême, la cryothérapie, c’est bon pour soigner et pour la récup. Si les sportifs pro le font, c’est bien que ça a un intérêt et un bénéfice.

Des nouvelles du genou d’ailleurs… Ca a été mieux tout doucement, et plus de douleur le jeudi soir, soit plus de 4 jours après mon abandon, alors pour mes zozos qui me disent que c’est dans ma tête : Mdr !                                                                                        

Je vais couper entre 2 et 3 semaines maintenant, repos… et on verra pour la suite des aventures.

Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont suivi, merci pour vos mails, vos appels, vos messages, Messenger, WhatApp. Merci à Polo et Stéphane du suivi qu’ils ont fait.

Merci à ma famille, mes cousins. Merci à vous tous qui me suivez, qui suivez mes petites aventures. Vous me faites voir que celles-ci sortent de l’ordinaire et intéressent du monde.

Merci aux potes du SRT, les Diables du Satanic Running Team. C’est extra ce Team qu’on a monté, faut vraiment que ça dure.

Un gros big up à toi, mon Dav, pour ta fabuleuse course, et pour tous ces supers moments que l’on a passés ensemble pour la préparation de notre UTMB.

Et enfin, un gros gros merci à ma chérie, Eva, pour ta patience sur la course, pour ta compréhension pendant ma prépa, pour la logistique et surtout pour tout cet énorme soutien que tu m’as apporté. Merci merci merci

 

 

MERCI           

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